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Rosenberg
Montagne de roses
Nous initions ce 18 juillet 2023, une visite plusieurs fois reportée, la chaleur de ces derniers jours nous ayant dissuadés à une échappée.
Quelque peu hésitante en gravissant les premiers mètres du bas de côteau du Rosenberg, la 2 CV de Maxime s’est ensuite affranchie de tous les obstacles de ce paysage admirablement varié du Rosenberg. Notre premier arrêt, en bas de cette vaste colline, invite à la contemplation. On se sent attendus par un ami qui aurait apprêté les lieux comme un cocon.
En parcourant du regard le haut des rameaux ligneux, on aperçoit les 5 châteaux fièrement dressés, qui surplombent une végétation où cohabitent les vignes alignées, les tapis végétaux et les haies plantées sur des terres chamarrées, tant la diversité des sols est impressionnante à quelques pas de distance.
Nous poursuivons notre chemin en parcourant la colline de bas en haut au fil des parcelles. Au gré de nos échanges sur le terroir du Rosenberg, se dessine l’image d’un parent, dont le soutien et le dévouement demeure inaltérable et sur lequel on est certain de pouvoir compter. Les parcelles du Rosenberg symbolisent la création du Domaine, l’union des familles Barmès et Buecher avec le mariage de François et Geneviève, qui ont tissé une fresque sur cette colline en réunissant les vignes plantées par les anciens. Paradoxalement, ce Terroir qui représente une contrée de bienveillance, n’est pas un lieu de visite régulier pour Maxime, qui lui accorde une totale confiance et dont la loyauté se confirme tout au long de l’élevage des vins.
Les genoux à terre, nous grattons à peine le sol pour découvrir son impressionnante variété géologique et sa capacité à retenir l’humidité malgré les fortes chaleurs de ces derniers jours. Maxime m’explique que les sols du Rosenberg sont faciles à travailler, altruistes et très nuancés, à l’image des vins qu’ils produisent, complexes, généreux, avec une remarquable tension et de beaux amers.
Après deux bonnes heures à fouler le sol du Rosenberg, nous retournons au Domaine. Il n’est plus nécessaire de parler car tout a été ressenti. Nous prenons congé d’un parent réconfortant, qui donne son essentiel pour soutenir, prêter main-forte et assurer de sa fidélité.
Leimental
Vallée d’argile
C’est une parcelle de la taille d’un jardin, presque plate, qui semble suspendue au milieu de la colline du Rosenberg. Ses cailloux à la forme particulière, souvent plats eux-aussi, proviennent des strates calcaires des profondeurs…
Les racines de notre Riesling, planté sur le Leimental depuis plus de 40 ans, serpentent entre ces strates, dans une argile abondante, à tel point que lorsqu’elle est humide, on peut la malaxer entre ses doigts pour la former. Une fois sèche, elle se solidifie comme une pierre.
A l’image d’un potager, cette parcelle nécessite un travail sur-mesure et réserve en retour ses plus beaux raisins. Il s’est tissé un lien étroit, presque familial avec ce terroir, qui a vu naître les grandes cuvées au nom des enfants, et dont les rangs étaient un temps plantés de légumes, cultivés par nos aïeules Madeleine et Denise.
Le Leimental ne réserve que de bonnes surprises ! Il a une facilité déroutante à offrir des Riesling intensément mûrs. C’est un terroir qui demande une attention particulière.
Pour y produire un vin sec, il ne faut pas le perdre de vue, car il a une aisance étonnante à développer de la surmaturité ou un magnifique Botrytis. Très souvent d’ailleurs, c’est une des premières parcelles de Riesling à vendanger.
Comme les racines des vignes qui s’immiscent dans le sol, le Riesling Leimental s’impose et enveloppe le palais. Il crée une vague ample mais douce, peignant dans notre imaginaire une toile aux tons pastel.
Sa finale est légèrement amère, saline, longue et structurante. Le Riesling Leimental donne la sensation d’être enlacé par des bras puissants.
Comme tous les grands vins, le temps est son allié ! Seuls quelques flacons raviront les privilégiés 1000 à 1500 bouteilles sont issues chaque année de ce terroir, dont seul le Domaine Barmès-Buecher produit une Cuvée.
Clos Sand
Sable
L’accès au Clos Sand se mérite. Après une marche sur le flanc de colline qui surplombe Wettolsheim, il reste encore à amadouer le portail aux humeurs récalcitrantes.
On pénètre alors dans un lieu à part…
Suspendu entre ciel et terre, à l’abri d’un cirque de verdure composé d’acacias, les rayons caressants du soleil sont adoucis par une brise légère rafraîchie par la forêt, qui donne vie au feuillage et fait frissonner le promeneur. A moins que ce ne soit la magie du lieu...
Les vins du Clos Sand empruntent à leur sol granitique l’éclat, la salinité et la brillance, allant jusqu’à reproduire la précision ciselée des prismes scintillants dans la roche. Ces vins sont droits et élancé tel un tronc qui conduit ses branches vers la lumière, pour atteindre le soleil et restituer sa chaleur.
Grand Cru Steingrubler
Carrière de pierres
Il est 16h environ, le soleil étire ses derniers rayons derrière les trois châteaux et la forêt environnante. L’automne est bien installé et au cours de la semaine, le vignoble a perdu une bonne partie de son feuillage.
Je prends le temps de grappiller quelques grains de Gewurztraminer, des raisins certainement oubliés ou cachés par un feuillage plus dense pendant la vendange.
Je m’assieds, dans notre parcelle de Gewurztraminer Grand Cru Steingrubler de Wettolsheim. Le ciel est bleu et il fait bon.
Je remonte la rangée pour aller voir notre vieux pommier. En secouant une branche une pomme est tombée. C’est la dernière de l’arbre que j’ai eu le privilège de croquer. Cette pomme verte de petite taille était succulente : acidulée et croquante, comme je les aime.
C’est amusant, elle me fait un peu penser aux vins issus de cette parcelle. Un Gewurztraminer croquant, de structure acidulée et saline. Quand j’observe mon pommier au loin et cette forêt revêtue de magnifiques couleurs automnales, je crois vraiment en l’influence de cette nature sauvage sur le vin.
La couleur de la terre dans le Grand Cru Steingrubler est fascinante et complexe. Elle a d’ailleurs été fraichement retournée par la charrue. En la regardant de plus près, on observe une palette de couleurs beige (le calcaire), de blanc (le quartz), de rouge bordeaux (le grès). Le caillou le plus fascinant ici est le granite. En effet, ce très vieux granite se casse et se décompose aisément entre les doigts. A la lumière, on observe les cristaux de quartz qui scintillent, avec des nuances de couleurs pourpre, noir et gris. Cette roche d’origine volcanique est elle-même composée d’une mosaïque de minéraux.
Cette parcelle de Gewurztraminer Grand Cru Steingrubler, plantée par mon grand-père Jules, se situe dans un lieu et un terroir complexe. Complexe au sens géologique mais également de microclimat. Ces Gewurztraminer bénéficient à la fois de chaleur par leur exposition au Sud et de la fraîcheur de la forêt environnante. Le potentiel est extraordinaire, c’est certain. La méthode de culture adaptée à ses besoins est simplement source de vie et d’expression du Terroir dans ce Gewurztraminer. Mon expérience personnelle sur nos anciens Millésimes en dit long sur le potentiel qualitatif et le respect accordé à ce grand Terroir. Le temps tisse sur ses vins son travail de dentellière, ciselé, délicat, précis.
Grand Cru Hengst
L'Etalon
Nous sommes au début du mois de novembre, je me suis assis en bas de la pente de notre Riesling Grand Cru Hengst, qui est une vieille vigne plantée par le grand-père Buecher.
La température est très agréable pour la période. Le micro-climat chaleureux de cette parcelle y est sans doute pour quelque-chose. J’aperçois deux collègues sur leurs tracteurs équipés d’une charrue, qui profitent également de la douceur de cette fin de journée.
Je me demande d’ailleurs si les marnes du Hengst ne commencent pas à devenir un peu dures à travailler… le sol semble sec.
Là, précisément, je suis exposé dos au sud. Derrière moi se trouve le village de Wettolsheim, avec Colmar à l’est. Il fait presque nuit à présent car j’ai pris le temps de discuter avec un autre vigneron. Au nord, au sommet de la colline recouverte de forêt, j’aperçois le Château du Hohlandsbourg qui s’est illuminé. La vue est belle, les villages au sud sont désormais éclairés.
Labouré à cheval la semaine dernière, le sillon réalisé par le soc a bien séché. Quelques-temps abandonné, je pense que le gain écologique de ce retour vers l’animalité à un sens envers l’homme, la nature et le terroir.
Le silence règne à présent autour de moi, je perçois la faune qui tend à s’éveiller de la forêt non loin de là. Je prends une poignée de terre, mélange d’argile et de calcaire qui crisse sous mes doigts. Assis à même le sol, je ressens la chaleur restituée par les marnes du sol du Grand Cru Hengst exposé sud sud-est, qui contribuent à renforcer l’épaisseur du vin exprimée par les roches.
C’est un sol qui s’écoute… Les vins issus du Grand Cru Hengst tapissent le palais comme leur terre tapisse les mains. Globalement, ce terroir offre des vins de temps, amples, généreux, épicés avec un soupçon d’animalité pour certains. C’est un terroir à grands rouges notamment !
Il commence à se faire très tard, je n’ai pas vu le temps passer, perdu en méditations dans ce lieu remarquable et au caractère bien trempé ! J’aime m’y retrouver afin de me reconnecter à l’essentiel et à la présence de nos anciens.
Grand Cru Pfersigberg
Montagne de pêches
C’est parti pour une sortie entre filles, direction Eguisheim, l’un des plus beaux villages de France.
Cette nouvelle épopée n’a pas pour but de flâner dans les ruelles historiques de la bourgade, mais de rejoindre notre parcelle de Grand Cru Pfersigberg. Nous avons manqué plusieurs fois l’entrée du passage étroit qui mène au vignoble, sans doute distraites par l’ambiance estivale du lieu.
Finalement guidées par les points de repères donnés par Maxime, nous avons longé le chemin bordé d’acacias pour accéder au bas du talus du Grand Cru Pfersigberg.
Manifestement mal chaussées pour gravir le raidillon caillouteux qui mène à la parcelle, nous avançons prudemment pour ne pas aborder le sol de trop près, même s’il s’agit bien ce jour-là d’en percevoir toutes les qualités.
Arrivées à destination, le contraste avec le bouillonnement touristique est saisissant. Tout est paisible et le chant des oiseaux dans les arbres environnants domine le paysage sonore. La vue d’ici offre un panorama chatoyant où les maisons du village se dispersent peu à peu dans la nature pour céder la place aux arbres fruitiers et aux rangées de vignes.
C’est avec une grande tendresse que l’on se pose ici, un peu comme on rendrait visite à un aïeul.
Cette parcelle porte en elle l’histoire des vignerons de la famille et nous vient du côté de notre grand-mère maternelle. Elle a été plantée en 4 fois. Certains pieds datent encore de 1963, d’autres de 1986, puis de 2006 et les derniers de 2016, issus des greffons de nos vieux Gewurztraminer du Grand Cru Hengst.
Cette diversité d’âge contribue sans doute à lui apporter son originalité mais également une belle complexité. Ses racines s’immiscent profondément dans un sol consistant et lourd, qui bénéficie d’un grand pouvoir tampon et valorise les excès d’eau, tout en limitant le stress hydrique. Les Gewurztraminer Grand Cru Pfersigberg ne nous ont jamais déçus. Même lorsque les grains se botrytisent, ils sont hautement qualitatifs et nobles. Compte tenu de cet exceptionnel potentiel de maturité, notre Gewurztraminer Grand Cru Pfersigberg produit d’ordinaire, un grand demi-sec pour le moins, et si les vendanges le permettent, un grand moelleux ou une Sélection de Grains Nobles. La sucrosité étant toujours joliment intégrée.
C’est un vin consensuel, altruiste, sans extrêmes ni agressivité. Parmi nos différents terroirs en Gewurztraminer, c’est celui qui est le plus en retrait dans sa jeunesse… mais qu’est-ce qu’il devient Grand avec le temps ! Son sol constitue un excellent socle de matière qui lui donne une belle allonge et maintien sa finesse aromatique dans le temps.
Nous repartons après ce moment suspendu entre deux mondes. Le petit train touristique qui sillonne le sentier en contrebas en direction du village, nous ramène peu à peu à la civilisation. Nous quittons cette vigne aux pieds noueux avec le sentiment de s’être arrêtées pour une visite improvisée, pour repartir avec le sentiment d’être solidement enracinées dans la lignée familiale, en équilibre sur cette petite branche de l’arbre généalogique mais rassurées par la solidité de son ancrage.